L’Iran tend la main à Israël

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Israël condamne aujourd'hui l'État islamique iranien, mais Israël était son partenaire secret dans les années 1980, vendant des milliards de dollars d'armes et faisant discrètement pression sur le gouvernement américain au nom de l'Iran. Aujourd’hui, l’Iran affirme qu’un retour à ces relations plus chaleureuses est possible, écrit l’ancien analyste de la CIA Paul R. Pillar.

Par Paul R. Pillar

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a déclaré dans une interview l’autre jour, « une fois le problème palestinien résolu, les conditions d’une reconnaissance iranienne d’Israël seront possibles ».

Laissons de côté pour le moment le fait que Zarif n’abordait que la moitié du processus et laissait ouverte la question de savoir ce qu’il faudrait pour une reconnaissance israélienne de la République islamique d’Iran, qui pourrait être la partie la plus problématique de l’équation. Notez que la simple possibilité pour la République islamique de reconnaître l’État d’Israël est un univers à part de tout ce qui est continuellement dit à propos de l’Iran, en particulier par le gouvernement d’Israël. Vous savez, toute cette rhétorique sur la façon dont l’Iran est censé se consacrer à la destruction d’Israël, etc.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif.

Ils constituent un univers à part parce que la rhétorique est erronée et que le commentaire de Zarif est un reflet sans exception de l’histoire et des intérêts iraniens réels. Il n’y a rien de surprenant dans cette remarque, et rien de surprenant si on la considère comme une expression honnête et directe des intentions iraniennes.

Au milieu de la rancœur d’aujourd’hui, il est facile d’oublier l’histoire substantielle de la coopération israélo-iranienne. Cette histoire comprenait non seulement l’époque du Shah, mais aussi les premières années de la République islamique, lorsqu’Israël fournissait une assistance logistique et de formation à l’Iran et exhortait les États-Unis à se tourner vers l’Iran pendant la guerre Iran-Irak.

Une base fondamentale pour la coopération à l’époque, comme elle le sera aujourd’hui et dans le futur, est le statut d’Israël et de l’Iran (avec la Turquie) en tant qu’États non arabes importants dans une région à prédominance arabe. Ils partagent des inquiétudes concernant certaines des mêmes menaces et adversaires, y compris certains adversaires de type extrémiste violent.

Être éloignés les uns des autres est une occasion manquée pour Israël comme pour l’Iran. Cela représente une partie du coût qu’Israël encourra tant que son gouvernement jurera une hostilité éternelle contre l’Iran.

Deux obstacles en particulier doivent être surmontés pour pouvoir mettre fin à l’éloignement. L’une d’entre elles est la conclusion d’un accord négocié sur le programme nucléaire iranien, en partie parce que cette question a éclipsé tout le reste dans de nombreuses relations avec l’Iran.

Un accord nucléaire ouvrirait la porte à une amélioration des relations entre les États-Unis et l’Iran, et il est difficile d’imaginer que les relations israélo-iraniennes devancent les relations américano-iraniennes. Il est également difficile d’imaginer un dirigeant iranien s’orienter vers des relations normales avec un gouvernement qui menace à plusieurs reprises l’Iran d’une attaque militaire.

L’autre obstacle est exactement celui identifié par Zarif : la résolution du problème palestinien. Tant que ce problème n’est pas résolu, tout gouvernement iranien critiquera vivement la politique d’Israël et la poursuite de son occupation. Il en sera ainsi en partie à cause d’une véritable sympathie pour le sort des Palestiniens et en partie à cause de l’importance que revêt cette question pour les publics arabes et musulmans.

On pourrait également penser qu’une amélioration substantielle des relations israélo-iraniennes nécessiterait également un changement substantiel au sein du gouvernement israélien. Mais peut-être que la résolution du problème palestinien présupposerait de toute façon un tel changement.

Peut-être que tout cela n’est qu’une chimère tant qu’Israël a un gouvernement qui ne veut pas que quiconque ait une quelconque relation avec l’Iran. Nous assistons actuellement à une sorte de symétrie perverse : un dirigeant iranien affirme que la résolution du problème palestinien entraînera une amélioration des relations avec Israël, tandis que les dirigeants israéliens promeuvent des relations épouvantables avec l’Iran, en partie pour détourner l’attention du problème palestinien non résolu.

Paul R. Pillar, au cours de ses 28 années à la Central Intelligence Agency, est devenu l'un des meilleurs analystes de l'agence. Il est aujourd'hui professeur invité à l'Université de Georgetown pour les études de sécurité. (Cet article est paru pour la première fois sous un blog sur le site Web de National Interest. Reproduit avec la permission de l'auteur.)

9 commentaires pour “L’Iran tend la main à Israël »

  1. John
    Février 10, 2014 à 12: 24

    Qu'en est-il des prisons du Shah pleines de gens souffrant de toutes formes d'inhumanité, Borat. Et Israël et les États-Unis l’aidaient. Les célébrités adoraient se faire prendre en photo avec lui et il était là, un dirigeant corrompu des plus cruels. Et comment est-il arrivé là ? Les États-Unis et la Grande-Bretagne étaient contrariés par le fait que le gouvernement élu allait nationaliser l’industrie pétrolière afin qu’elle soit sous contrôle iranien et que le pays puisse bénéficier de ses propres ressources. A cause de l'avidité de l'Occident, il s'est retrouvé coincé là-dedans contre la volonté du peuple. Une fois de plus, vous récoltez ce que vous semez.
    Et le peuple iranien n'est pas stupide, Borat. Ils savent que s’ils utilisaient d’abord l’arme nucléaire, ils seraient anéantis. S’ils les obtiennent dans des années, c’est parce qu’un peuple menacé se rassemblera et sentira qu’il en a besoin comme assurance.

  2. coulisses
    Février 10, 2014 à 10: 55

    Le régime sioniste n’est pas de taille à figurer sur la liste des ennemis de la nation iranienne ; L’Iran rasera Tel Aviv et Haïfa si Israël lance une frappe militaire contre la République islamique.

  3. Paul Surovell
    Février 9, 2014 à 13: 23

    Les États-Unis, le Royaume-Uni, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Chine et la Russie négocient avec Rouhani pour établir un régime vérifiable qui garantira au monde que l’Iran ne développe pas d’armes nucléaires.

    Pendant la guerre froide, les États-Unis ont négocié avec succès des accords avec l’URSS pour limiter mutuellement l’ampleur de leurs arsenaux nucléaires. Les accusations portées contre l’URSS ne sont rien en comparaison de votre critique de Rohani.

    Un accord avec l’Iran est dans l’intérêt de la sécurité nationale et internationale. Et cela peut être accompli sans changement de régime, comme le montrent clairement les accords avec l’URSS.

  4. Paul Surovell
    Février 8, 2014 à 23: 22

    Dans une interview avec Al-Monitor, Rajoub a été très clair : si les pourparlers de paix échouent, la résistance ne ciblera pas Israël, mais se limitera aux actions en Cisjordanie :

    « Al-Monitor : Que voulez-vous dire par « toutes les options sont sur la table » ? Le Fatah va-t-il reprendre la voie de la lutte armée et abandonner le processus de paix ?

    « Rajoub : Nous n’allons pas prendre une décision suicidaire. La résistance sera limitée aux zones occupées et contre l'occupant, et c'est notre droit, selon le droit international. »

    http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2014/02/interview-jibril-rajoub-palestine-iran.html#

  5. Hillary
    Février 8, 2014 à 21: 07

    « Il est également difficile d’imaginer un dirigeant iranien s’orienter vers des relations normales avec un gouvernement qui menace à plusieurs reprises l’Iran d’attaque militaire. »
    ...
    Comment un pays peut-il menacer un autre d’une attaque nucléaire 24h/7 et XNUMXj/XNUMX ?
    ...
    Les estimations du nombre de Palestiniens vivant sous OCCUPATION israélienne en Cisjordanie, SANS droit de vote, varient entre 1.5 million et 2.5 millions.
    http://www.informationclearinghouse.info/article37165.htm

  6. John
    Février 8, 2014 à 20: 17

    Combien de temps fait-on souffrir un peuple Borat ? Parmi une immense population de Palestiniens, on s’attendrait normalement à ce qu’il y en ait certains qui soient plus vengeurs. Peut-être qu’un ou plusieurs membres de la famille ont été tués (le taux de victimes civiles est élevé), peut-être que leurs maisons ont été rasées au bulldozer au milieu de la nuit sans avertissement préalable et sans accès préalable à la justice. Peut-être que leur propriété foncière légale a été révoquée par un oppresseur illégal. Peut-être qu’ils ne peuvent pas gérer une entreprise parce qu’ils ne peuvent pas obtenir une eau de bonne qualité, ni une électricité fiable, ni des soins de santé parce qu’Israël a détruit les infrastructures. Peut-être que leurs récoltes ont été brûlées ou qu'ils ont été abattus par des colons qui pensent que Dieu leur a donné la terre (conte historique). Peut-être que leurs récoltes sont en train de pourrir à un poste frontière. Peut-être qu'ils ne peuvent pas voir leur famille à cause des restrictions. Peut-être voient-ils des Israéliens voyager sur des routes construites sur leur territoire alors qu’ils ont de grandes difficultés à se déplacer seuls. Peut-être que leurs champs et leurs maisons sont inondés par les écluses de la grande muraille ou par le mur lui-même. Peut-être qu'ils ne peuvent pas accéder à leurs champs à cause du mur.
    Tu récoltes ce que tu sèmes, mec. Et la raison pour laquelle les gens sont vraiment en colère à ce sujet, c’est parce que tout cela est fait par une prétendue civilisation occidentale à une époque de l’histoire où cette pratique n’est plus légale. Tout le monde a des droits !

  7. Joe Tedesky
    Février 8, 2014 à 16: 06

    Vous êtes nombreux à fréquenter ce site qui m'impressionne par votre connaissance du Moyen-Orient. Ma question à tous ceux qui savent est : Dans quelle mesure les luttes entre les pays ME impliquent-elles les PIPELINES ?

  8. Xiao Zhang
    Février 8, 2014 à 14: 05

    Allez bon Iran et Israël

  9. Grégory Kruse
    Février 8, 2014 à 14: 03

    Que serait le monde si la révolution étudiante n’avait pas eu lieu en Iran ? Les États-Unis déversaient des milliards dans ce pays pour en faire une puissance régionale. Le moment est peut-être venu de reprendre cet effort.

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